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Renaissance N°5

2016

16cm x 12cm
Pointe sèche et eau-forte

D’après l'œuvre d'Alexander Hohenlohe Burr "Repairing the Doll", 1867

Il est encore tôt, le calme règne et s'impose comme une masse invisible. 

En fouillant le vieux grenier d'une maison oubliée, ensevelie sous la poussière, je déniche plusieurs éditions de cette gravure. 

A la lueur d'une lampe frontale, je retire toutes ces images de leur carton.

Je souffle sur l'épaisse couche de crasse qui s'est déposée au fil du temps sur le papier. Une scène étrange se dévoile.

Un vieille homme et une enfant sont reliés par un drôle de mécanisme qui semble les maintenir en vie.

La maladresse des proportions, les creux et les lignes me laissent à penser que l'auteur a dû graver cette matrice à la hâte.

Elle me rappelle un sous-genre de la créature de Mary Shelley, également celle de Villiers de L'Isle-Adam, sans oublier les drôles machines de Raymond Roussel. 
Je quitte la maison, la lueur du soleil réchauffe l'atmosphère. 

Mes yeux se posent à nouveau sur mon trésor. S'ensuivent des jeux de regards entre ma nouvelle acquisition et le paysage qui m'entoure.

Je décide de retourner l'un des tirages et sans surprise je lit au dos :

"J'ai eu tort de penser que notre corps n'était qu'une simple machine qui se détraque à l'image d'une horloge. L'anxiété existentielle me rappelle combien la grande longévité promise ne résoudra pas l'indicible mort. "

Un léger sourire se dessine sur mon visage, je presse le pas pour écrire ce récit dans mon atelier.

© Clément Mathieu

© Clément Mathieu